L’Atelier imaginaire

L'un comme l'autre poète et dramaturge, Rémi Checchetto et Didier Delahais inaugurent « Les cahiers d'ateliers ». Une collection où des artistes et des écrivains se risquent à dire ce qu'ils fabriquent dans leur atelier. C'est d'un rendez-vous manqué que ce projet est né, quand au printemps 2020 nous avons été contraints, pour cause de confinement, d'annuler les ateliers d’écriture prévus dans notre jardin sous le titre Jardiner les mots. Faute de pouvoir réaliser ce projet d'ateliers nous avons demandé à Rémi Checchetto et Didier Delahais de nous proposer un texte-témoignage de leur expérience d'écrivant. Ce qui donna lieu à une interrogation pour l'un et à une idée de fiction pour l'autre.

Résumé

L’Atelier imaginaire est un texte en trompe-l’œil. Didier Delahais sait y faire avec la langue pour dérouter le lecteur en lui parlant de choses ordinaires, jusqu’à métamorphoser l’apparence en énigme. Il conçoit l'écriture comme un travail manuel, équivalent à celui du forgeron. Les mots, il convient de les chauffer à blanc en utilisant son stylo comme marteau. Taper fort et sans relâche pour tordre le sens et faire sonner chaque mot comme une calebasse. Alors l'écrivant prend le pas sur l'écrivain. Et c'est aux écrivants que ce texte rend hommage par le truchement d’une fiction d’atelier d’écriture invitant ses participants à faire l'expérience d'une écriture sans figure et sans intention. Ainsi ces écrivants imaginés par Didier Delahais se risquent-ils à fréquenter l'inconnu. J'ai peur de tomber dans ce que je n'écris pas dit l'un d'eux. Mais rien ne peut l'arrêter pour aller chaparder dans les jardins des voisins de quoi faire pousser un poème. Pour notre plaisir de lecteur.

EXTRAIT

« Participer à un atelier d'écriture n'est pas chose facile pour un homme comme moi. J'ai menti. J'ai dit à ma femme en partant que j'avais besoin de réfléchir dans un jardin avec un groupe de gens qui s'interrogent. En me réveillant le lendemain du premier jour d'écriture des gourmands avaient poussé de mon corps. J'avais subi dans la nuit une attaque épicormique. [...] Quand je suis arrivé pour le deuxième jour d'écriture personne n'a décelé le changement qui s'était produit en moi. L'animateur est venu se pencher un instant sur ma feuille avec un petit sourire entendu. Quand j'ai lu ce texte à voix haute il s'est vraiment passé quelque chose. Tout le monde m'a lancé des fleurs. »