L’Amant - dans une traduction d’Éric Kahane - a été présenté du 4 au 21 novembre 1998 au Théâtre de la Source à Bègles, dans une mise en scène de Jean-Paul Rathier, avec Catherine Zabjesky, Fred Nony et Jean-Paul Rathier. La pièce a été reprise à Paris au Théâtre du Petit Hébertot au printemps 1999.
Mariés depuis dix ans, Richard et Sarah ont conclu un pacte d’infidélité avec une mutuelle tolérance pour deux ou trois écarts hebdomadaires… Voilà pour l’intrigue.
Dramaturge expert dans la mécanique de l’oppression ordinaire, Harold Pinter démonte avec L’Amant les faux semblants et les évitements d’un couple apparemment libéré des tourments de la jalousie.
Sur le standard classique de l’adultère, propre au théâtre de boulevard, il donne une interprétation virtuose et cynique de la routine conjugale où chaque partenaire n’a pour seule issue que de tromper son désir comme on trompe sa faim. Avec une authentique mauvaise foi.
Il met à nu la passion sans aucune complaisance, dans ses outrances irrésistiblement comiques, puis dans ses plus pathétiques défaillances.
L’Amant est la pièce la plus jouée en France, surtout par les jeunes compagnies. Est-ce à dire qu’elle est la plus facile? Je ne le pense pas. La raison de cet engouement est à chercher ailleurs. Ce texte nous fait entrer de plain-pied dans la question du désir et du jeu, au plus près de ce qui fonde l’acte théâtral. Il a les qualités de toutes les grandes œuvres dramatiques, de celles qui vont à l’essentiel des rapports humains.
Ici dans le couple, entre un homme et une femme qui cherchent convulsivement un accès au désir.
Longtemps j’ai hésité à me confronter à L’Amant. Il fallait une rencontre pour me décider. Elle a eu lieu avec Catherine Zabjesky et Fred Nony. Leur plaisir de jouer ensemble m’est apparu comme un cas de force majeure.
Et Pinter s’est imposé à nous trois comme une évidence.
Jean-Paul Rathier
Conception : Antoine Rathier